Ce deuxième épisode de confinement n’échappe malheureusement pas à l’incapacité de nos édiles à construire un front commun face aux enjeux de cette guerre sanitaire, économique et sociale. Les fermetures administratives des activités dites non essentielles ont fait l’objet de beaucoup de soubresauts politiques, qui, s’ils ne portaient pas sur un sujet aussi grave que celui de la Santé publique, pourraient prêter à sourire.
Justice commerciale contre Santé Publique : le nivellement par le bas
Des Maires, plus d’une centaine, ont pris des arrêtés visant à permettre l’ouverture des commerces de proximité en justifiant cet acte par la volonté de « justice commerciale ». Cette nouvelle « bataille pour les libertés » dans un pays frappé si brutalement par des attaques terroristes, menée à grand renfort d’interventions au Sénat et à l’Assemblée Nationale a conduit le gouvernement à prendre la décision paradoxale d’interdire la vente de produits non essentiels dans les grandes surfaces.
Une fois de plus, l'opposition s’accorde à un nivellement par le bas. Les plus touchés seront ceux-là même que nos édiles souhaitaient défendre, les « français des territoires » qui ne pourront plus s’offrir quelques promesses de lendemain meilleurs, en attrapant comme ils l’ont fait lors du premier confinement là une fleur, là un livre, entre la poire et le fromage, dans les rayons des grandes surfaces ! Cet épisode ne figurera certainement pas dans les livres d’histoire. Mais il est essentiel de s’arrêter là-dessus, car la crise sanitaire n’est pas finie et il est plus que temps de rappeler chacun à ses responsabilités.
Les dangers de la décentralisation en matière sanitaire
La « gestion décentralisée » de la crise sanitaire prend une tournure dangereuse :
- dangereuse pour la sécurité des Français,
- dangereuse pour la cohésion nationale,
- dangereuse pour les perspectives de sortie de crises économique et sociale.
Ce nouveau confinement est rendu nécessaire pour faire face à l’évolution exponentielle de l’épidémie. La France n’est pas la seule mais elle est fortement touchée : désormais 5ème pays au Monde par le nombre de cas,la France compte à ce jour plus d’1 500 000 cas confirmés, un taux de positivité des tests de 20,6%, et plus de 38 000 décès. C’est l’équivalent de toute la ville de Poissy, qui a succombé au virus. Et c’est l’équivalent de toute la ville de Poissy qui a déclaré être positive au virus sur la seule journée du mardi 3 novembre ! Ce que nous devons absolument éviter, c’est la rupture des capacités de soins dans les hôpitaux. Cet enjeu est véritablement un enjeu collectif.
Qui a fait quoi pour préparer la 2ème vague ?
C’est une tempête qui frappe notre pays. Et dans les tempêtes, il est vital que chacun tienne son rôle, tout son rôle et rien que son rôle : en matière sanitaire, les Maires sont les relais auprès de la population des mesures de sécurité publique. En cas de pandémie, il ne s’agit pas pour eux d’interpréter et de définir des mesures qui soustrairaient la population de leur commune à la sécurité sanitaire. Pour faire face à ce nouveau confinement et les conséquences financières graves pour les commerces, le gouvernement a préparé un dispositif de soutien aux entreprises tenues de fermer, encore plus conséquent que lors de la première vague : un fonds de solidarité pouvant aller jusqu’à 10 000 euros, 100% d’exonération de charges, l’incitation fiscale aux bailleurs pour réduire les loyers, et le chômage partiel pour les salariés. Sans compter, la prolongation des dispositifs de garantie de prêt de l’Etat.
Et côté Maires Yvelinoises et Yvelinois ?
Dans le département des Yvelines, le taux de positivité des tests est passé de 16% à 20% en une semaine, et le taux d’incidence pour 100 000 habitants est passé de 300 à 400 en une semaine. Face à cela, les messages que l’on peut lire sur certaines pages de mairie, et entendre de la part de hauts responsables politiques locaux et nationaux, sont des messages de défiance à l’égard des mesures sanitaires. Ils concentrent leurs critiques sur la fermeture des commerces ! A la vague de coronavirus, s’ajoute désormais une vague « poujadiste » dangereuse. Elle est dangereuse et elle interroge sur les responsabilités de chacun dans la préparation du pays. Sur le soutien aux commerces pour faire face aux risques de confinement : quelles sont les communes qui ont développé, entre les deux vagues, des capacités d’accueil de l’offre des commerçants sur leur site internet ? Quelles aides ont-elles déployées pour permettre le maintien d’une activité de « Click and Collect » ? Comment ont-elles préparé cette seconde vague et comment préparent-elles les éventuelles futures vagues pour aider les commerces dans leur visibilité ? Il est consternant de voir que, dans les Yvelines, une seule commune a pris une délibération instituant un dégrèvement des deux tiers du montant de la cotisation foncière des entreprises, faculté donnée par la loi de finances rectificative du 30 juillet 2020. Et seules deux intercommunalités ont eu recours à cette faculté.
Chacun doit être conscient de ses responsabilités dans cette crise sanitaire. Elle sera encore longue et ses conséquences ne peuvent être encore mesurées. Et le pays doit affronter une autre crise qui porte atteinte à sa sécurité. Il a été beaucoup reproché au Président de la République d’avoir employé le terme de « guerre » lors de sa toute première allocution sur la Covid. Les faits lui donnent raison et il est plus que temps que chacun comprenne l’importance de contribuer à la cohésion nationale. Les Français en seront témoins.
Tribune écrite par Corinne APOSTOLIDIS- THILL
Signée par : Serge-Yves Handschuh, Nicolas PHILIPPE (Sartrouville), Kevin Pichardie (Saint Quentin en Yvelines)