Le mouvement des gilets jaunes agrège des mécontentements multiples et s'exprime par des revendications contradictoires. Il est attisé par les mouvements populistes, qui tentent de l’instrumentaliser, tout comme les casseurs. La légalité et l’ordre républicains doivent être assurés avec la plus grande fermeté. Néanmoins, les gilets jaunes expriment la voie d’une partie du pays profond et méritent par ce seul fait respect, considération et écoute. À condition qu’ils se placent dans une volonté de dialogue, et ne s’enferment pas dans une protestation stérile.

Le président de la République et le gouvernement ont certes commis des erreurs de communication et de méthode. Il est urgent qu’ils tirent toutes les conséquences de la crise actuelle de ce point de vue. Pour autant, face à cette situation, il est tout aussi urgent de rétablir des vérités.

Les protestations ont débuté à la perspective de la hausse prévue au 1er janvier de la taxe carbone et de l'alignement de celle-ci sur l'essence pour le diesel. Or le prétendu matraquage fiscal sur les carburants est un mensonge : entre le 12 octobre et le 23 novembre, le prix du SP95 a reculé de 12 centimes, et celui du diesel de 8 centimes, en raison de la baisse du prix du baril.

L’augmentation de la taxe carbonne vise à changer les comportements, en répondant d’abord à un impératif de santé publique : la pollution de l’air provoque 48 000 morts par an, dus principalement aux rejets des moteurs diesels. Dans le cadre de l’accord de Paris, signé en 2015, l’objectif est aussi de lutter contre le réchauffement climatique, en le limitant à 2°C d’ici la fin du siècle, et si possible à 1,5°C. Or nous sommes aujourd’hui sur la voie d’un réchauffement de 3,5°C, ce qui provoquerait des bouleversements majeurs. Pour respecter l’objectif de 2°C, il faudrait tripler les efforts. Pour 1,5°C, il faudrait les quintupler !

Quelle planète voulons-nous laisser à nos enfants ?