Je viens de lire, comme beaucoup, le dernier ouvrage de Jérôme Fourquet. Il est consacré à un tableau de notre pays, tel qu’il a été changé dans les dernières années: c’est un tableau du présent ou du futur immédiat. Ce tableau est très juste et m’a fait prendre conscience de nombreuses modifications que j’avais vues mais non rapprochées ou interprétées. En dépit de cela j’ai noté deux points qui me paraissent aller dans le sens de la continuité et non du changement. L’un est triste: chaque société humaine crée son prolétariat, seulement ce ne sont pas mes mêmes qui en font partie. Autrefois, c’était, pour résumer, les ouvriers de Boulogne-Billancourt (que Jean-Paul Sartre haranguait). Aujourd’hui ce sont plutôt les travailleurs du « service à la personne » ou les livreurs en vélo. Ce n’est pas une raison pour les abandonner, mais la même étude fait ressortir la difficulté qui nait de les aider. L’autre point qui m’a fait réfléchir et qui n’est en rien une critique, c’est l’importance que prennent les Églises Évangéliques. C’est certainement une évolution qu’il faut prendre en compte, mais elle se rattache à une constante des êtres humains: ils ont toujours besoin de croire à quelque chose. Ce n’est plus l’église catholique traditionnelle (ce que l’auteur avait déjà noté dans sa précédente étude) mais c’est seulement une autre croyance ? Quand j’étais jeune (il y a longtemps) dans mon lycée parisien, il y avait deux groupes: les « talla » (ceux qui vont à la messe) et les communistes :qui avaient une religion. La croyance a changé: voilà tout. Je fais confiance à notre actuel président pour trouver la moins mauvaise solution à cette équation compliquée.
Aymar Delacroix