La démocratie est « le gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple » (Lincoln). Cette définition, engendre plusieurs conséquences que sont le respect des libertés individuelles et collectives, ou encore une égalité de droit. Il repose sur un système représentatif puisque le peuple est représenté par des personnes élues. Le consentement populaire se trouve donc à la base de ce système (par le suffrage universelle).
La France a été qualifiée de démocratie imparfaite par The Economist. Au-delà de l’aspect provocateur de cette expression, il est intéressant de voir que ce classement se fonde sur 60 critères regroupés en 5 catégories :
- Processus électoral et pluralisme
- Libertés civiques
- Fonctionnement du gouvernement
- Participation politique
- Culture politique On voit bien que le seul fait d’avoir des élections libres ne suffit pas à se proclamer démocratie.
Il est incontestable en France que nous avons un processus électoral pluraliste et ouvert.
En revanche, les crises successives ont réduit temporairement les libertés civiques (déplacement, droit de réunions …). À la suite de la crise terroriste, l’état d’urgence a été instauré du 14/11/2015 au 30/10/2017 donnant lieu à plus de 800 assignations à résidence et 4000 perquisitions. Nous vivons sous l’état d’urgence sanitaire depuis le 23/03/2020. Bien que ces états d’urgence aient été avalisés par le parlement, il n’en reste pas moins que ces crises renforcent le centralisme des décisions (à travers le conseil de Défense) et réduisent le rôle nécessaire de débat du parlement (dans l’équilibre des 3 pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire). Ces moments de crise et ce centralisme renforcent la tentation du recours à l’homme providentiel (fort). Selon la dernière enquête Cevipof de février 2021, 34% sont favorables à un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du parlement ou des élections, et 20% souhaitent que l’armée dirige le pays. Certes 84% restent favorables à un système démocratique mais 42% sont d’accord pour dire qu’en démocratie rien n’avance et qu’il vaudrait mieux moins de démocratie et plus d’efficacité. D’ailleurs les deux sentiments qui arrivent en tête quand les Français pensent à la politique c’est de la méfiance (39%) et du dégoût (23%). Cela conduit 49% des Français à se désintéresser de la politique (contre 20%) en Allemagne.
C’est pourquoi il est important de faire de la sauvegarde de la démocratie une grande cause nationale comme le disait Pierre Mendes France : « la démocratie est d’abord un état d’esprit ». Il nous faut donc lutter contre un désengagement constant symbolisé par un déclin continu de la participation aux élections, même locales actant le déclin du soutien à la démocratie représentative.
Taux de participation aux élections municipales
Seule l’élection présidentielle séduisant encore un nombre suffisant d’électeurs.
Abstention elections France
Encore, il convient de nuancer sur l’élection présidentielle car on note de fortes disparités de participation , notamment par âge.
*source INSEE*
De même, la participation active aux partis politiques s’étiole. Gaël Brustier sur Slate estime à moins de 100 000 adhérents actifs le nombre d’engagés en politique. Cette désaffection touche l’ensemble des corps sociaux constitués. Cette absence d’engagement rend difficile les débats, faute d’interlocuteurs représentatifs. Il pousse à rechercher d’autres formes d’inclusion du citoyen dans la vie démocratique : tirage au sort d’un conseil pour la loi climat, pour la politique vaccinale ; mise en place de budgets participatifs… Il faut également recréer les conditions du débat d’idées ; aujourd’hui le débat s’est déplacé sur les réseaux sociaux souvent à l’invective et l’anathème. Or, comme l’écrit Natacha Polony : « Il n’existe pas de véritable démocratie sans la volonté de partager un destin commun, ni sans la capacité à délibérer pour définir ensemble ce destin. »
Cette grande cause nationale trouve son reflet à l’intérieur du 11ème arrondissement de Paris
*Participation aux dernières élections dans le 11ème arrondissement *
La désaffection aux élections y est très présente avec un contraste important selon les quartiers dont certains semblent se désintéresser totalement de la chose publique. Mais il est possible d’y bâtir un renouveau parce que la tradition démocratique y est ancrée :
- Ancienneté des conseils de quartier
- De nombreux projets présentés au budget participatif
- Mise en place d’un pré conseil d’arrondissement (arrondissement pilote)
- Tissu associatif important et anciens
- Mobilisation des citoyens en cas de pbs (Tep Menilmontant, Jardin Truillot, discothèque rue Sedaine)
- Présence de civic tech
**La République en Marche Paris 11 peut impulser cette remobilisation **
En effet, nos partenaires de la majorité présidentielle sont très bien représentés (Territoire de Progrès, Agir, Modem…) ce qui peut permettre d’organiser des débats ouverts, attirant un large public. Il nous faut également commencer par nous mobiliser au sein de notre mouvement. Les statuts permettent des élections internes qui ont attiré peu de participants. Nous devons être exemplaire : publication des calendriers à l’avance, simplification des procédures de participation, débat ouvert avec un objectif de 90% de participation à nos élections internes. Mais le plus fondamental est de créer des expériences communes à tous. Au-delà de la culture démocratique au travers du système éducatif, il faudrait trouver des dispositifs destinés à provoquer des relations entre personnes de classes et d’origines culturelles différentes.
Vos idées sont les bienvenues.
Chritian DELERIVE
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_municipales_en_France http://visucity.com/ https://www.insee.fr/fr/statistiques/3140794