Alors que l’hôpital public connaît depuis plusieurs décennies une crise sans précédent et que les personnels soignants manifestaient à Paris le jeudi 14 novembre, le président de la République, en déplacement dans la Marne, prenait la parole pour réaffirmer sa considération à leur égard : "Je veux dire ma considération au personnel soignant […] Nous, Français, savons ce que nous leur devons. J'ai entendu leur colère et leur indignation face à des conditions de travail parfois devenues impossibles".

Emmanuel Macron a aussi tenu à rappeler que des mesures ont déjà été prises – qui nécessitent du temps pour se mettre en place – notamment :

  • un plan de 754 millions d’euros annoncé par la ministre des solidarités et de la santé le 9 septembre dernier, qui s’ajoute aux mesures prises avant l’été pour un montant de 70 millions d’euros et qui vont, à hauteur de 50 millions, financer une prime de risque mensuelle pour le personnel paramédical des urgences ;
  • le plan santé du Gouvernement présenté en septembre 2018 intitulé Ma santé 2022 visant à permettre un meilleur accès à la santé pour tous, à réorganiser le service hospitalier et à soulager la médecine libérale ; il sera centré sur le patient et son parcours de soin, et vise à décloisonner médecine de ville et médecine hospitalière, tout en associant au dispositif les cliniques privées.

Le chef de l’Etat a néanmoins promis un coup d’accélérateur sur les mesures pour résoudre la situation difficile de la médecine publique en France. "Il faut donc pouvoir compléter ce qui a été annoncé par une forme d'accélération, un véritable plan de transformation accéléré qui réponde à ce mal-être beaucoup plus vite", a estimé Emmanuel Macron. "J'ai demandé au Gouvernement de travailler avec vigueur pour un plan d'actions renforcé, et des décisions fortes, qui seront annoncées mercredi prochain. Ces décisions redonneront plus de moyens, mais pas seulement, c'est un plan beaucoup plus large. Nous devons assumer d'investir. La situation est encore plus grave que celle que nous avions analysée."

Ces mesures fortes, dévoilées ce mercredi, à l’issue du conseil des ministres, visent à renforcer l’attractivité de l’hôpital public auprès du personnel soignant, et notamment à inciter les jeunes médecins à travailler dans la médecine hospitalière ; elles visent également à préserver la confiance que les Français ont dans leur service public de la santé et à dégager des marges en organisant mieux les soins.

Lors de son intervention, Edouard Philippe a rappelé le lien intime qui lie les Français aux médecins, infirmiers et aides-soignants de l’hôpital public ; cet hôpital public qui doit permettre à chaque Français, quelle que soit son origine sociale ou sa résidence, d’être bien soigné.

Parmi les mesures dévoilées ce matin par le Premier ministre et la ministre des solidarités et de la santé, une reprise partielle de la dette de l’hôpital qui s’élève actuellement à 30 milliards d’euros (soit 42,8% de leurs recettes annuelles) et leur coûte annuellement près de 850 millions d’euros pour le remboursement des emprunts. Cette reprise partielle portera sur un tiers de la somme, soit 10 milliards d’euros sur 3 ans. Un effort conséquent, donc, "qui permettra de restaurer l’équilibre financier des établissements […] et permettra aux hôpitaux de retrouver les moyens d’investir."

D’autres mesures portent sur les nécessaires investissements à faire dans les établissements hospitaliers afin de réussir la vaste transformation de l’hôpital qui est aujourd’hui attendue par tous. Ainsi, pour le secteur hospitalier, le budget de l’assurance maladie sera augmenté de 1,5 milliards d’euros sur les trois prochaines années.

De plus, des mesures financières seront prises à destination des personnels eux-mêmes. Une prime-logement annuelle de 800 euros sera versée pour les plus bas salaires qui travaillent dans les zones géographiques où la situation du logement est compliquée par des prix élevés au mètres carré ; cette prime bénéficiera en particulier aux 40 000 infirmiers et aides-soignants qui habitent Paris et la petite couronne. Une prime d’engagement annuelle d’environ 300 euros, qui pourrait concerner jusqu’à 600 000 professionnels de santé, a aussi été annoncée ; les enveloppes financières correspondantes seront mises à la disposition des hôpitaux afin de « mieux reconnaître les efforts de chacun ».

Enfin, pour renforcer l’attractivité des métiers, une indemnisation de 750 euros par mois va être accordée aux étudiants dans les territoires en difficultés d’accès aux soins, la prime d’engagement pour les métiers en tension va être étendue et revalorisée jusqu’à 15 000 euros et le personnel soignant va être mieux intégré à la gouvernance des hôpitaux ; en matière de recrutement, les procédures administratives vont être allégées et les modalités vont être simplifiées.

Cette série de mesures bénéficiera évidemment à l’hôpital Lariboisière, à son personnel, trop souvent confronté à des situations difficiles, aussi liées à la précarité de nombreux patients, ainsi bien sûr qu'aux Franciliens, Parisiens et habitants du 10e arrondissement qui sont amenés à s'y rendre.

Après plusieurs mois de grève d’une partie des personnels soignants, le chef de l’Etat a souhaité que le Gouvernement réponde par un plan massif et conséquent, avec des effets qui seront visibles par tous, patients comme personnels. C’est aujourd’hui choses faite…


Rémi Chauvet, référent LaREM Paris 10