13 novembre 2015 – 13 novembre 2019. Il y a quatre ans, l’effroi saisissait Paris, la haine fauchait 131 vies et blessait 413 êtres humains : des femmes, des enfants, des hommes, des jeunes, des vieux.
Les morts – nos morts – sont français, belges, chiliens, espagnols, portugais, roumains, algériens, tunisiens, franco-russe, franco-américain, marocain, allemand, égyptien, italien, mexicain, britannique, suédois, vénézuélien.
C’était Suzon. C’était Guillaume. C’était Pierre-Antoine. C’était Patricia. C’était Sven Alejandro. C’était Lamia. C’était Nicolas. C’était Ciprian. C’était Anne-Laure. C’était Valentin. C’était Caroline. C’était Véronique. C’était Lola. C’était Raphaël. C’était Luis Felipe. C’était Jamila. C’était encore 115 des nôtres.
Cela aurait pu être nous. Cela aurait pu être vous. Cela aurait pu être moi. C’était quelqu’un que vous avez connu. C’était quelqu’un que vous avez aimé. C’est quelqu’un que vous aimez toujours…
544 victimes, au nombre desquelles il faut associer toutes celles et tous ceux qui ont eu à intervenir, parfois au risque de leur propre vie, pour porter secours ou assistance : les pompiers, les forces de l’ordre, les urgentistes, les médecins, les infirmiers, les bénévoles pour qui, ce jour-là, il y avait quelque chose de plus important qu’eux-mêmes : l’autre. L’autre, en souffrance, en détresse ; le cœur, le corps, l’âme à jamais déchirés…
A cette horreur du vendredi 13 novembre 2015, il faut ajouter celle qui a coûté la vie, quelques mois auparavant, le mercredi 7 janvier 2015, à Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Wolinski, Bernard Marris, Mustapha Ourrad, Elsa Cavat, Frédéric Boisseau, Michel Renaud, Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet, et a blessé Philippe Lançon, Fabrice Nicolino, Simon Fieschi, Riss.
Deux attentats qui visaient notre façon d’être, notre façon de vivre, notre façon d’aimer et de rire ; notre impertinence, notre irrespect, notre liberté.
Quatre ans après, qu’avons-nous retenu ? "Nous Sommes Charlie" résonne-t-il encore de sa solidarité, presqu’une fraternité ? Notre admiration pour les forces de l’ordre, qui nous protègent au quotidien comme dans l’horreur, est-elle intacte ? Nos larmes devant le Bataclan, le Stade de France, Le Carillon, Le Petit Cambodge, le Casa Nostra, La Bonne Bière, La Belle Equipe, Le Café Voltaire brillent-elles encore au fond de nos yeux ?
J’ai bien peur que non…
Notre démocratie s’enfonce dans une violence quotidienne, assumée et revendiquée comme une forme de lutte sociale acceptable, pour imposer sa propre vision à tous les autres. La liberté de la presse est bafouée par ceux-là même qui questionnent ce que les années soixante et soixante-dix nous ont offert : la libération de chacun des carcans de la société d’après-guerre, des églises.
Il est temps de se réveiller et de se ressaisir. De nouveau. Il est temps, encore, de rappeler l’importance du vivre ensemble et ne pas contester les choix de chacune et de chacun. Brûler et déchirer des livres, détruire le bien public, insulter l’autre pour sa religion, sa couleur de peau, sa façon d’aimer, sa façon de manger n’est pas une possibilité. C’est une intolérance, une bêtise et une inculture qu’il faut traquer et dénoncer chaque fois qu’elle se présente à nous. Il faut encore et toujours protéger et prendre soin des plus vulnérables. Il faut retrouver le sens de la solidarité, de l’hospitalité. Il faut réapprendre la bienveillance et le respect des différences. Ces différences qui font la richesse d’une société. Cette richesse qui faisait la fierté de notre Nation et qui, aujourd’hui, pousse certains à des comportements de rejet, d’irrespect et d’intolérance, attisés par les plus extrêmes de nos concitoyens, y compris par des femmes et des hommes politiques bien peu scrupuleux.
Notre Nation a besoin de retrouver son unité. Ce triste anniversaire devrait être pour chacun le moment de faire son auto-critique et de juger si son comportement est celui d’une femme ou d’un homme du 21e siècle. Digne…
Prenons le prétexte de cette bien triste journée de commémoration et accordons-nous un temps, un temps de réflexion, un temps de souvenir.
Il n’est pas de querelle qui justifie de faire jaillir les larmes et de susciter la terreur. Jamais.
Rémi Chauvet, référent LaREM Paris 10