Le cœur et la raison !
L’engagement politique, comme la plupart des activités humaines, nécessite l’utilisation d’un subtil cocktail entre le cœur et la raison. Comme beaucoup, je me suis engagé à gauche pour la défense des « plus faibles et des opprimés ». D’autres, plus à droite, revendiquaient pour raison d’être la santé économique de l’entreprise à tous les niveaux (et pas seulement les super profits de ses dirigeants). Pendant des décennies sinon des siècles, les partis se sont ainsi jugés en se regardant en chiens de faïence au lieu de s’estimer en regardant ensemble dans la même direction.
La révolution préconisée par Emmanuel MACRON face, à cet antagonisme croissant et séculaire du clivage gauche droite, fut de supprimer cette barrière entre les idées qui séparait l’ancien et «le nouveau monde». La feuille de route d’ « En Marche » était claire. Le mouvement ; bien pourvu en cadres venus du P.S. avant le 1° tour, devait combler les trous d’une droite un peu plus réticente à s’engager ouvertement, d’où l’appel à la « société civile » ! Et comme il n’est pas interdit à une commission électorale d’avoir une certaine compétence, celle qui fut mise en place réussit à assurer au président une confortable majorité en repoussant les opposants sur les bords extrêmes de façon à ménager une large frange plus constructive ou « macro-compatible ! »
En regrettant de ne pas avoir réussi à réconcilier les Français avec leurs « politiques », Emmanuel MACRON admet qu’une partie de l’électorat, échaudé par des décennies d’attente d’un « miracle » ne croit plus en l’espoir collectif d’une vie meilleure.
** BENALLA lapidé**
On ne peut pas dire qu’Alexandre BENALLA n’ait pas mis un certain cœur à l’ouvrage pour faire comprendre à des manifestants violents qu’il n’était plus à la mode de se comporter comme si les C.R.S. étaient de véritables S.S. ! Ce chargé de mission de l’Elysée aurait été, sans doute, plus raisonnable en manifestant une certaine retenue envers « ce ramassis de pillards lobotomisés par des idéologies d’un autre siècle »(comme les dépeignait Patrice CHABANET dans l’édito JHM du 2 mai 2018. Mais en faire une affaire d’état est d’un ridicule achevé !
Emmanuel MACRON aurait-il du montrer moins de cœur en condamnant injustement un collaborateur apprécié qui n’aurait, quant à lui, aucun droit à l’erreur ! Aurait-il dû, aussi « montrer moins d’arrogance », comme dans l’ancien monde, en laissant la commission s’en prendre à une tête de turc subalterne ? Il aurait pu aussi manier l’humour de celui qui, pour déjouer le piège des pharisiens et des docteurs de la loi leur avait répondu « Que celui qui n’a jamais fauté jette la première pierre sur la femme adultère ! »
HULOT, Démissionnaire !
C’est avec un cœur gros comme ça et bien des raisons de s’y mettre que Nicolas HULOT avait accepté de descendre dans l’arène politique. Il savait bien qu’en acceptant ce combat, il prendrait des coups ne provenant pas que de ses ennemis. Cela a commencé à Notre Dame des Landes où il eut un mal fou à faire comprendre à quelques Insoumis à la Loi qu’il n’était pas raisonnable de tolérer que certains s’arrogent le droit d’exploiter impunément la Terre ….des autres !
Pour ma part, j’ai débuté ma vie militante au M.C.A.A. (Mouvement Contre l’Armement Atomique) aux cris d « Actifs aujourd’hui ou radioactifs demain ! » Demain est arrivé et je ne peux comprendre aujourd’hui qu’on puisse s’imaginer que les déchets nucléaires civils existants seraient moins dangereux disséminés, en surface, sur tout le territoire plutôt que mis à l’abri sous 500m de terre. Nicolas HULOT l’avait admis comme la moins mauvaise solution, il en fut sévèrement critiqué par les écologistes « pur jus », pour ne pas dire intégristes. Il suffit d’écouter 5 minutes le ministre démissionnaire pour comprendre les raisons de son renoncement. Ceux qui prétendent que c’est parce que « MACRON ne lui a pas donné les moyens de son ambition » développent une curieuse conception de notre démocratie qui ressemble fort à un certain totalitarisme monarchique. Nicolas HULOT a eu le courage d’ « aller à l’idéal en comprenant le réel » et s’est aperçu que c’était notre société dans son ensemble qui n’était pas prête à accepter les contraintes qu’il estimait indispensables (comme le montra par la suite la révolte des gilets jaunes). Quant à l’électrochoc qu’il voulait susciter ainsi, il fut proprement saboté par ceux qui n’ont voulu n’y voir qu’une petite manœuvre politicienne.
** Le coup de sang de Mélenchon**
Il faut un culot phénoménal pour présenter la colère de MELENCHON, lors de sa perquisition comme un « coup de com » génial ! Par un tel esclandre, le leader des INSOUMIS a surtout démontré à la France entière (y compris à RUFFIN !) qu’à 67 ans il était encore bien incapable de maîtriser son ego dès qu’on refusait de lui lécher les bottes. Son cri du cœur « l’Etat c’est MOI » révèle à tous le peu de crédit que l’on peut accorder à ses critiques du « monarque républicain » et plus grave encore à sa conception fumeuse d’une VI° république ! Ne pouvant plus cultiver la prétention d’endosser les habits de Président, il devrait, sans doute, faire le constat que, pour lui, l’heure de la retraite a bien sonné.
** LE PELERINAGE DE MACRON**
Au cours de son périple pour commémorer la fin de la guerre 14-18, Emmanuel MACRON a prouvé combien il était proche des problèmes des gens et combien il pouvait être conscient des difficultés de tout le monde sans méconnaitre les préoccupations des élus responsables de l’évolution du monde. La sympathie qu’il manifestait à ses interlocuteurs et même à ses contradicteurs était visible à l’œil nu. Il faut être de fort mauvaise foi pour le taxer d’arrogance et ne pas reconnaître qu’on était à des années-lumière du « casse-toi, pauvre con ! » émis par SARKOZY lors d’un salon de l’Agriculture !... ou même de « l’Etat c’est MOI ! » du soi-disant « républicain » que serait MELENCHON !
** GILETS JAUNES ET CERVEAU LENT**
Au cours d’une colère, justifiée ou non, on entend parfois des cris du cœur qui ont des raisons que la Raison ne connait pas. Les 16 et 17 devant me déplacer dans un magasin et à la déchèterie je suis tombé sur des barrages qui prétendaient me faire signer une pétition sans même avoir la décence de m’en communiquer le texte par un tract explicatif. Refusant de vendre ma signature pour me faciliter la vie j’ai attendu à un barrage où j’ai entendu quelques arguments « curieux » ; I‘une défendait son « niveau de vie » et l’autre « son bifteck » un troisième dénonçait « les taxes sur le gas-oil » et pourquoi pas les impôts… alors que le leader exigeait la démission de MACRON ce « monarchiste arrogant ».
Sas vouloir donner des leçons en tant qu’ancien enseignant, j’estime de ma responsabilité de donner quelques explications sur ma position à l’aide de quelques dates anniversaires.
1938 Année de ma naissance : le pourcentage des foyers bénéficiant de l’eau courante, d’une voiture ou du téléphone ne dépassait certainement pas les doigts d’une main ; aujourd’hui le panier de la ménagère, témoin du niveau de vie, est loin d’être constitué de la même façon.
1948 La France s’évertuait de sortir du cauchemar de la guerre 39-45 et les Français se préoccupaient plus du prix du pain (qui était rationné jusqu’en 1949) que d’une essence soumise aussi à des restrictions beaucoup plus sévères que quelques centimes !
1958 Disparition du « poujadisme » ce mouvement de commerçants et d’artisans qui prétendait lutter contre les contrôles fiscaux, les grandes surface et n’hésitait pas à montrer ses muscles contre les partis dominants ! Sur les 52 élus de 1956(3 fois plus que les Insoumis d’aujourd’hui), seuls deux furent réélus, dont Jean Marie LE PEN pour le F.N.). Apparition d’un « gaullisme », qui se voulait ni de droite ni de gauche, et qui a gouverné le pays plus de 10 ans. Mon premier bifteck représentait 1/70°de mon salaire d’instituteur débutant (En ce moment, ça correspondrait à un bifteck à 20€ !
1968 La révolte généralisée en France entraîna une augmentation des salaires de 10% qui furent bouffés très rapidement par une inflation galopante. Par contre, cela permit également, heureusement, une accélération sans précédent des solutions innovantes aux problèmes de société.
1978 Une heure de SMIC permettait d’acheter 5 litres de carburant, aujourd’hui la même heure permet d’en acheter 7. Voila comment une amélioration de 40% peut être considérée par des gens qui n’ont pas de mémoire ou qui ne veulent pas s’informer sérieusement, comme un recul inacceptable !
….. 2018 Eh oui, les problèmes de vie sont permanents et dureront ce que dure notre vie même si, au fil des temps, on peut constater que les plus défavorisés ne sont pas les plus mal lotis. Etre « contre tout ce qui est pour, et pour tout ce qui est contre » amène fatalement à se rallier aux pratiques d’un conservatisme paralysant ! Regarder par le petit bout de la lorgnette tout ce qui vous plait moins en oubliant carrément ce qui vous avantage est la pire des façons de tuer l’espoir d’un monde meilleur !
Il faut avoir un petit pois dans la tête pour ne pas se rendre compte que si le blocage des dépôts amène une quelconque pénurie de carburant cela entraînera, ipso facto, une augmentation du prix à la pompe bien supérieure à la taxation écologique prévue. Sans compter le sabotage organisé du déplacement à PARIS et la recrudescence inévitable des siphonages de réservoirs ! Comment les manifestants peuvent-ils s’imaginer un seul instant que la paralysie des services publics et de l’activité économique du pays pourrait améliorer en quoi que ce soit le sort des régions défavorisées !
Sur le plan local, arrêté au barrage de WASSY, parmi les quelques 200 gilets jaunes, je n’ai pas trouvé un seul wasseyen pour pouvoir discuter. Y aurait-il parmi eux une méfiance instinctive de tous ceux qui connaissent les vrais problèmes du territoire. Un cahier de doléances composé de multiples revendications hétéroclites et disparates n’a jamais fait l’ombre d’une politique .Le refus de mettre en place des responsables mandatés peut parfois camoufler une impossibilité de choisir une direction à suivre mais cela dénote aussi une méfiance maladive et congénitale des corps intermédiaires qui pourraient révéler les contradictions mortelles de ce géant aux pieds d’argile. L’ « union sacrée » entre abstentionnistes permanents et extrémistes de tout bord pourrait alors voler en éclats !
Le cri haineux de « MACRON DEMISSION ! » est à proprement parler un déni de démocratie. Le Gouvernement conscient de sa propre responsabilité qui est de proposer un cap pour la France en Europe et dans le monde ne se laissera pas imposer une politique du chat crevé au fil de l’eau même si cela contribuait à nourrir des petits poissons carnivores.
A Saint-Dizier, comme ailleurs, MACRON a été accusé, par des gens qui n‘ont aucune notion des règles économiques, d’être le candidat des riches pour avoir supprimé l’ISF de manière à favoriser l’investissement productif. Cette façon d’interpréter à leur façon les réalités du pays n’a pas du contribuer à convaincre les chinois d’YTO qui ont prévu de licencier 80 personnes soit les 2/3 des effectifs de leur usine bragarde( qui a compté jusqu’à 35OO ouvriers). Bravo pour les démagos qui contribuent ainsi à détruire leur outil de travail alors qu’ils se plaignent de ne pas trouver d’emploi ! L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il ne faut pas s’étonner que les barrages de samedi dans la région ait fait boire le bouillon au festival de photos de MONTIER qui ne pourra survivre qu’avec des financements publics supplémentaires. Quant au commerce local, il a vécu selon le journal un « samedi mortel ». Le lundi, 4 heures pour faire l’aller et retour WASSY-SAINT DIZIER, c’est infiniment plus enquiquinant que les 3 centimes de taxe supplémentaire sur le carburant.
En cette période précédant de peu les achats de Noël, il n’en faudrait pas beaucoup plus pour faire comprendre aux commerçants et à leurs clients que le seul vrai gagnant sera le e-commerce qui prend nos boutiques pour des points relais de colis venus d’ailleurs !
2 morts, plus de 500 blessés dont 17 grièvement (et un à St Dizier) : je vous laisse à penser au climat de guerre civile qui s’abattrait sur la France s’il s’agissait d’un attentat djihadiste ! A PERTHES les forces de police ont du faire face à des caillassages à coups de boules de pétanque après qu’un véhicule ait été incendié par les manifestants
Le refus systématique de désigner des représentants qui pourraient valablement discuter montre bien le caractère anarchique d’un certain nombre d’ « adhérents » qui ne visent qu’à une chose : abattre les fondements démocratiques de notre système politique ! Une telle politique du pire ne peut aboutir qu’à un retour à la loi de la jungle qui est automatiquement celle du plus fort ! L’assèchement des ressources financières de l’Etat ne pourrait, bien sûr, qu’entraîner une réduction de l’aide aux moins favorisés !
Cette forme de refus de discussion pour explorer les voies permettant de débloquer la situation ne laisse au gouvernement qu’une seule solution : attendre que le mouvement s’asphyxie de lui-mêmeou cherche une issue raisonnable.
Ce gouvernement a montré assez de signes d’écoute et de compréhension pour qu’on ne lui fasse pas le coup du mépris ou du pourrissement ! C’est aux gilets jaunes d’adapter leur méthode et leurs revendications afin d’éviter le tarissement du soutien instinctif de ceux qui ne supporteront plus longtemps leurs excès suicidaires !
Richard GUENIN